I Love Humans, artwork by David Vanorbeek and Natalie Magnin

Layrac. Échappée belle «arty» dans le parc du château de Lagravade

 

Valeur ajoutée au château de Lagravade à Layrac qui propose quatre chambres d'hôtes, un parc de sculptures signées par David Vanorbeek à découvrir.

 

Avant l'entrée au village de Layrac par la RN 21, l'allée de cèdres est le repère pour tourner, juste après le pont qui enjambe l'autoroute. Bienvenue au château de Lagravade, un Bed and Breakfast avec quatre chambres d'hôtes. Une demeure du XIXe siècle sertie dans un parc de deux hectares peuplé des sculptures de David Vanorbeek, un artiste belge flamand qui s'est installé à Layrac voilà trois ans avec sa compagne Nathalie Magnin, belge également et artiste sur textile. Le couple et leurs deux enfants ont craqué sur cette bâtisse de caractère aux portes du village. Même les parcelles d'herbes folles parsemées de fleurs sauvages sont préservées pour le bien-être et le règne des insectes. Pour preuve, les cigales chantent déjà fin mai alors que le ciel est voilé et qu'il pleut. Une œuvre d'art en soi, «histoire de laisser faire la nature», explique David, adepte d'un lifestyle vegan et de petits-déjeuners végétaliens servis aux clients qui viennent rechercher ici calme et intérêt pour l'art. Opposé à l'exploitation des animaux et même des abeilles en ruches, David milite pour la préservation de la vie à l'état pur. Et cette philosophie transpire dans ses œuvres sculptées avec du métal de récupération. Des cuves à mazout pour l'essentiel qu'il laisse rouiller. Les teintes divergent par l'exposition à l'oxydation naturelle à l'air qui provoque de magnifiques et involontaires camaïeux. Des roues imposantes peuplent le parc, que ce soit celle intitulée «La Crise» exécutée en 2009 avec un rouge agressif, 3 mètres par 3, ou encore la roue crânelée «Before time changed us». «Comme si un moteur faisait tourner la machine. J'ai un peu le sentiment que nous sommes devenus machinaux en tant qu'espèce humaine, des robots. On finit par perdre nos valeurs, nos sensations et ce sont les années qui nous rappellent à l'ordre, le temps qui nous change».

 

 

Parc de Sculptures + Arts Textiles au Château de Lagravade à Layrac, Lot-et-Garonne

«Vive l'évolution !»

 

Un autre cercle à l'arrière du château qui évoque une fleur, est évidé en son centre et l'espace libre en y regardant de près, symbolise une tête de mort. L'œuvre est baptisée cyniquement «Vive l'évolution !». Le sculpteur s'approvisionne auprès d'un récupérateur de métal de la région, mais il recueille aussi des fils de fer pour la vigne qui entrent dans certaines de ses sculptures contemporaines. Dernièrement, l'artiste a réalisé une œuvre en métal «I love humans» qu'il pensait fortement exposer dans un palais, en marge de la Biennale d'art contemporain de Venise. Une sorte de créature imaginaire hybride mi animale, mi arachnéenne, «plus agressive et puissante que nous les hommes». Sous son emprise, de frêles poupées de chiffon créées par sa compagne et parquées dans un cœur en métal comme des bêtes, semblent à la merci de la créature menaçante. Le rapport de force est inversé. Et au centre, un petit personnage représente un enfant : «Souvent ce sont des bébés animaux qui sont tués pour leur viande». Un message un brin politisé, sans être choquant, qu'il soupçonne malgré tout d'être à l'origine de son éviction au final de la Biennale, par manque d'adhésion à ses idées. Mais un refus motivé par un prétexte fallacieux de budget non réuni pour prétendre y participer. tant pis pour la cité Lacustre, cette œuvre sera présentée au festival Jazz in Marciac en juillet, où le sculpteur est invité, et il va aussi exposer cet été au château de Bonaguil avec Nathalie. Le couple officie à quatre mains sur des installations.

 

Diplômée de l'école des arts textiles de Louvain, en Belgique, elle-même est imprégnée d'influences africaines, de poupées pygmées, de plastrons de fêtes rituelles, d'art tribal, sans être en mesure de se l'expliquer.

 

Parcours sous forme de jeu de pistes

 

«Nous n'avons jamais voyagé en Afrique». Leurs deux filles sont aussi des passionnées et défendent leurs idéaux. L'une étudie l'anthropologie, la plus jeune milite politiquement. Cinq cuves sont positionnées avec brio dans le jardin et allégées d'un quart de matière de manière aléatoire, formant un ensemble très esthétique. L'œil peut se balader partout. Il croise toujours une sculpture parmi la centaine d'œuvres du jardin tel un jeu de pistes.

 

Une croix monumentale appelée «Mégalo X» accueille le visiteur à l'entrée. «Un moyen à l'heure d'Internet de se géolocaliser. Je suis là !». Le parc recèle vingt années de créations, sa série des insectes avec une mante religieuse, une colonie de fourmis, une libellule, ses roues de la vie et ses installations d'outils anciens.

 

Une visite unique à faire à l'occasion des Journées du Patrimoine, des Rendez-vous au Jardin ou pour une parenthèse détente au château. Une mise au vert sur fond d'œuvres couleur rouille.

" I Love Humans "

vive l'évolution